24

 

Je savais que Rae était déçue de ce que nous avions trouvé, ou plutôt de ce que nous n’avions pas trouvé. Je ressentais une drôle de culpabilité, comme un artiste qui n’aurait pas réussi à divertir son public. Mais elle ne doutait pas que j’avais vu un fantôme ou qu’il m’avait demandé d’ouvrir cette porte, et je lui en étais reconnaissante.

Je remis la clé à sa place, me nettoyai, puis dis à Mme Talbot que je montais pour du soutien en maths avec Derek et que Simon serait là. Elle hésita, mais seulement pendant un instant, puis me laissa y aller.

Je passai dans ma chambre prendre le livre de maths que je venais de recevoir, et allai chez les garçons. La porte était ouverte. Simon était affalé sur son lit et lisait une bande dessinée. Derek était penché sur son trop petit bureau et faisait ses devoirs.

Leur chambre était comme un reflet inversé de la nôtre, située à l’arrière de la bâtisse au lieu de donner sur l’avant. Les murs du côté de Simon étaient recouverts de ce qui semblait être des pages arrachées d’une BD, mais lorsque je regardai de plus près, je m’aperçus qu’elles étaient dessinées à la main. Certaines étaient en noir et blanc, mais la plupart étaient en couleur. Il y avait de tout, depuis les croquis de personnages jusqu’aux planches entières en passant par les vignettes, dans un style qui n’était pas exactement celui des mangas, ni celui des comics. Simon s’était attiré des ennuis plus d’une fois en classe pour avoir griffonné. Je voyais à présent sur quoi il travaillait.

Les murs de Derek étaient nus. Des livres étaient empilés sur sa commode et des magazines ouverts étaient éparpillés sur le lit. Dans un coin de son bureau se trouvait un engin plein de fils et de poulies. Un projet pour l’école, certainement, mais s’il fallait que je construise quelque chose d’aussi compliqué l’année suivante, j’étais fichue.

Je frappai contre l’embrasure de la porte.

— Salut, fit Simon en fermant sa BD en même temps qu’il se relevait. J’étais justement en train de dire à Derek qu’on devrait peut-être descendre et s’assurer que les éducatrices n’étaient pas en train de t’embêter. Elles ne t’ont rien dit, si ?

Je secouai la tête.

Derek posa son livre de maths sur sa table de nuit, au cas où, puis plaça son classeur par-dessus.

— Je vais à la douche. Commencez sans moi.

— Les éducatrices ne vont pas entendre l’eau couler ?

Il haussa les épaules et passa la main dans ses cheveux raides et ternes qui brillaient d’un reflet gras sous l’éclairage.

— Dis-leur que j’étais déjà dans la salle de bains. J’en ai seulement pour quelques minutes.

Il se dirigea vers la porte en passant aussi loin de moi que possible, ce qui me fit penser qu’il devait avoir grand besoin de cette douche. Je n’allais pas non plus le renifler pour en être sûre.

Le problème venait peut-être en partie du fait qu’il prenait sa douche le soir. Kari m’avait dit qu’elle prenait toujours un bain le soir avant, mais qu’elle avait dû changer ses habitudes et se laver le matin, sans quoi ses cheveux étaient dégueu à l’heure du dîner. Je n’aurais pas osé le suggérer à Derek, mais quand il passa à côté de moi, je ne pus m’empêcher de lui lancer innocemment :

— Pourquoi tu ne te douches pas simplement le matin ?

— C’est ce que je fais, grommela-t-il en partant.

Simon mit sa BD de côté.

— Entre. Je ne mords pas.

Il s’installa au milieu de son lit en faisant grincer les ressorts, puis tapota le bord du matelas à côté de lui.

— Je dirais bien que c’est la première fois que j’ai une fille dans mon lit… si je n’avais pas peur de passer pour un loser absolu.

Je m’approchai pour poser mes livres sur la table de nuit en essayant de ne pas montrer que je rougissais. En ouvrant mon livre pour faire comme si nous étions en train de travailler, je fis tomber le classeur de la table de Derek. Je jetai un coup d’œil à la couverture de son livre en m’y prenant à deux fois.

« Algèbre et trigonométrie, niveau licence. »

Je feuilletai le manuel.

— Si tu y comprends quelque chose, dit Simon, tu es vachement plus avancée que moi.

— Je croyais que Derek était en première.

— Ouais, mais pas pour l’algèbre. Ni la géométrie. Ni la physique, ni la chimie, ni la biologie, même s’il est seulement au niveau terminale pour les sciences.

Seulement en terminale… ?

Quand Derek m’avait déclaré que personne ne contesterait qu’on fasse des maths ensemble, il n’avait pas voulu dire que c’était lui qui avait besoin d’aide. Super. C’était déjà assez pénible qu’il croie que j’étais une blonde frivole qui sursautait au moindre bruit. Apparemment, il s’imaginait que je n’étais pas une flèche non plus.

Je remis son classeur sur le livre de maths.

— Tori… Elle ne t’en a pas fait voir de toutes les couleurs j’espère ? demanda Simon. Pour hier, je veux dire.

Je secouai la tête.

Il poussa un soupir et croisa les bras derrière sa tête.

— Tant mieux. Je ne sais pas quel est son problème. Je lui ai bien fait comprendre que je ne voulais pas sortir avec elle. Au début, j’ai essayé d’être sympa et de la repousser en douceur. Mais comme elle n’a pas compris le message, je lui ai dit que je n’étais pas intéressé. Maintenant je suis carrément dur avec elle, et elle ne veut toujours pas me laisser tranquille.

Je me tournai pour mieux le voir.

— J’imagine que c’est difficile, d’avoir quelqu’un que tu aimes vraiment bien mais que tu n’intéresses pas.

Il rit.

— La seule personne que Tori aime bien, c’est Tori. Je suis juste un remplaçant, jusqu’à ce qu’elle retourne à ses capitaines de foot. Les filles comme elle ont besoin d’avoir un mec, n’importe lequel, et ici je suis sa seule option. Peter était beaucoup trop jeune, et Derek… Derek n’est pas son genre. Crois-moi, si un autre gars débarque ici, elle oubliera mon existence.

— Je n’en suis pas si sûre. Je crois qu’elle est peut-être vraiment…

— Arrête un peu. Tu trouves que je ressemble à un aimant à divas ? (Il se mit de côté et posa le menton sur son épaule.) Oh, bien sûr, quand Derek et moi on sera dans une nouvelle école, je taperai dans l’œil des filles populaires. Et puis (il prit une voix de fausset), « Hé, Simon, je me demandais, heu, genre, si p’t’être tu pouvais m’aider, tu sais, avec mes devoirs, après les cours ? Parce que c’est des maths, et genre, t’es chinois, pas vrai ? Je suis sûre que t’es vaaachement bon en maths. » (Il leva les yeux au ciel.)

» Premièrement, reprit-il, mon père est coréen et ma mère était suédoise. Deuxièmement, je suis nul en maths. Je n’aime pas les pendules à coucou non plus, ni le ski ni les chocolats de luxe.

Je pouffai.

— Je crois que ça, c’est suisse.

— Ah. Alors qu’est-ce qu’il y a de suédois ?

— Heu, je ne sais pas. Les boulettes de viande ?

— J’aime assez ça, en fait. Mais sans doute pas celles qui sont suédoises.

— Alors qu’est-ce que tu aimes ?

— Comme cours ? L’histoire. Ne ris pas. Et je ne suis pas mauvais en littérature. J’écris des haïkus qui déchirent ; ce sont des trucs japonais, d’ailleurs.

— Je sais. (Je jetai un coup d’œil à ses dessins sur le mur.) Tu dois être vachement doué en arts plastiques, non ? Tes dessins sont géniaux.

Ses yeux s’illuminèrent, des reflets d’ambre dansant dans le brun profond.

— Géniaux, je ne sais pas, mais merci. En fait, je ne suis pas si doué que ça en art. L’année dernière, j’ai eu tout juste la moyenne. J’ai saoulé la prof parce que je lui rendais toujours mes BD en guise de devoirs. Je suivais les consignes, mais je prenais juste les techniques, et je les appliquais à mon style. Elle trouvait que je me la jouais.

— Ce n’est pas juste.

— Ben, quand j’ai continué à rendre mes dessins même après deux avertissements, là, je me la jouais sans doute. Ou j’étais seulement têtu. Enfin bref, je ne suis pas très doué à l’école en général, un élève moyen, quoi. C’est Derek le génie. Le cours que je préfère, c’est le sport. J’aime bien le cross, la course de haies, le basket, le foot…

— Oh, j’ai fait du foot, dis-je. (Je marquai une pause.) Enfin, il y a longtemps. Il y a très longtemps. À l’époque où on courait après le ballon comme un essaim d’abeilles.

— Je me souviens de cette époque. Il faudra que je te donne quelques cours de rattrapage, pour qu’on forme une équipe. Le club de foot de Lyle House.

— Un tout petit club.

— Non, un club très sélect.

Je m’appuyai sur les coudes et m’allongeai un peu sur le lit. La dernière fois que j’avais parlé ainsi seul à seul avec un garçon remontait à… eh bien, probablement à l’époque où j’avais arrêté de les considérer comme « les autres enfants » et que j’avais commencé à penser à eux comme à des « garçons ».

— En parlant de clubs sélects, dis-je, j’espère que tu comptais répondre à quelques questions en me faisant venir ici.

— Ma compagnie ne te suffit pas ? (Il haussa les sourcils d’un air faussement indigné, trahi par la lueur qui brillait dans ses yeux.) OK, tu as été assez patiente comme ça. Qu’est-ce que tu veux savoir ?

— Tout.

Nous échangeâmes un sourire.

— OK, tu es nécromancienne et je suis sorcier. Tu parles aux morts et je jette des sorts.

— C’est pour ça que tu es ici ? Tu as fait quelque chose ?

— Nan. (Il s’arrêta et son visage s’assombrit.) Enfin, en quelque sorte, mais ce n’était pas de la magie. Il est arrivé quelque chose. Avec Der…

Il se tut tout à coup. Après avoir lu son dossier, je savais pourquoi Derek se trouvait ici, même si je n’étais pas prête à l’admettre.

— Enfin, reprit-il, il est arrivé quelque chose, et puis mon père a disparu et c’est une très longue histoire, mais pour résumer, nous sommes coincés ici jusqu’à ce que quelqu’un trouve quoi faire de nous.

Et jusqu’à ce que Derek soit « guéri », supposai-je. C’était pour cela que Simon n’avait pas de dossier et n’était pas obligé d’aller voir la psychologue. Il n’était pas ici parce qu’il avait un problème. Quand leur père était parti, les autorités avaient dû amener Derek ici, et avaient décidé de laisser Simon avec lui.

— Alors, qu’est-ce qu’il existe d’autre ? Quels autres genres de…

Je cherchai le mot juste.

— Surnaturels. Les différents types s’appellent « les espèces ». Il n’y en a pas beaucoup. Les plus importantes sont les nécros, les sorciers, et les sorcières, qui sont les jeteuses de sorts. C’est presque pareil, mais c’est une espèce différente, pas aussi puissante que les sorciers, à ce qu’on dit. Quoi d’autre ? Les demi-démons, mais ne me pose pas de questions sur eux parce que je ne sais presque rien. Derek en sait plus. Oh, et les chamans. Ce sont de bons guérisseurs, et ils peuvent faire des projections astrales.

— Des projections… ?

— Ils peuvent quitter leur corps. Se déplacer comme des fantômes. C’est cool pour tricher aux examens ou se glisser dans les vestiaires des filles… pour les mecs qui seraient capables de faire ce genre de choses…

— Ouais, ouais. Tu as dit que Derek connaissait mieux les demi-démons. Est-ce qu’il en est un ?

Il jeta un coup d’œil en direction du couloir et pencha la tête comme pour s’assurer qu’il entendait toujours l’eau couler.

— Tu m’as forcé à le dire, d’accord ?

— Quoi ?

Il se mit sur le côté, si près qu’il m’effleura la jambe. Il baissa la voix.

— Pour Derek. Ce qu’il est. S’il pose la question, tu m’as forcé à le dire.

Je me raidis.

— Ah oui, Derek ne veut pas que je sache ce qu’il est ? Alors qu’il m’a balancé « nécromancienne » à la figure et a exigé que je l’accepte. S’il ne veut pas que…

— Si, il veut que tu saches. Ça viendra. C’est juste que… c’est compliqué. Si tu ne poses pas la question, il ne te le dira pas. Mais si tu demandes…

Son regard croisa le mien et me supplia de ne pas rendre les choses plus difficiles.

Je poussai un soupir.

— D’accord, je pose la question. Qu’est-ce qu’il est ? Un de ces demi-démons ?

— Non. Il n’y a pas vraiment de nom pour ce qu’il est. J’imagine qu’on pourrait l’appeler « le gène Superman », mais c’est vraiment débile.

— Mmmh.

— C’est pour ça qu’on ne l’appelle pas comme ça. Les gens comme Derek ont des… améliorations physiques, pourrait-on dire. Ils sont vachement forts, comme tu as vu. Avec des sens surdéveloppés, aussi. Ce genre de trucs.

Je jetai un coup d’œil au livre de maths.

— Plus intelligents ?

— Nan, ça c’est juste Derek. Enfin c’est ce que dit mon père.

— Ton père, il est… sorcier aussi, donc, j’imagine. Et il en connaît d’autres… comme nous ?

— Ouais. Les surnaturels forment une sorte de communauté. Peut-être que « réseau » serait un meilleur mot. Tu connais les autres donc tu peux leur parler, obtenir des choses que tu ne peux pas avoir dans le monde normal. Mon père avait sa place là-dedans. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Il s’est passé… quelque chose.

Il se tut pendant un moment et tira distraitement sur un fil qui dépassait de sa couette. Puis il le lâcha et se laissa retomber sur le dos.

— On parlera de tout ça plus tard. C’est un truc énorme. La version courte, c’est oui, mon père était dans le réseau surnaturel, avant. Il travaillait pour un laboratoire de recherches, avec des médecins et des scientifiques surnaturels qui essayaient de rendre les choses plus simples pour ceux de leur espèce. Il est avocat, mais ils avaient aussi besoin de gens comme lui. Bref, c’est comme ça qu’on a récupéré Derek.

— Que vous avez récupéré Derek ?

Simon fit la grimace.

— Je me suis mal exprimé. Ça sonne comme si mon père avait ramené un chiot perdu à la maison. Mais c’était un peu comme ça. Tu vois Derek ? Il est rare. On est tous rares, mais lui il est très, très rare. Et ces gens, ceux pour qui mon père travaillait, ils l’élevaient. Il est devenu orphelin tout bébé, ou bien on l’a abandonné, et ils voulaient s’assurer qu’il ne finirait pas dans une famille d’accueil humaine, ce qui aurait été l’horreur disons… dès ses douze ans, quand il aurait commencé à balancer les gens à travers la pièce. Seulement, l’entreprise de mon père n’était pas vraiment équipée pour élever un enfant. Derek ne parle pas beaucoup de son enfance là-bas, mais je crois que c’était comme de grandir dans un hôpital. Mon père n’aimait pas ça, et ses employeurs l’ont laissé ramener Derek à la maison. C’était… bizarre. Comme s’il n’était jamais sorti avant. Les trucs comme l’école, ou le centre commercial, ou même l’autoroute lui foutaient une trouille incroyable. Il n’était pas habitué à voir du monde, et tout ce bruit…

Il s’arrêta et tourna la tête vers le couloir. Les tuyaux firent un bruit métallique quand l’eau s’arrêta de couler.

— Plus tard, articula-t-il en silence.

— Il vient de sortir. Il ne peut pas entendre ce que…

— Oh si, il peut entendre.

Je me rappelai ce que Simon avait dit sur les « sens surdéveloppés » de Derek. Je comprenais à présent pourquoi Derek avait toujours l’air d’entendre des choses qu’il n’aurait pas dû percevoir. Il fallait que je me souvienne de faire plus attention.

Je me raclai la gorge et repris un volume normal.

— OK, donc on a les sorciers, les sorcières, les demi-démons, les nécromanciens, les chamans, et les autres genres très rares comme Derek. C’est bien ça ? Je ne risque pas de tomber sur des loups-garous ou des vampires au moins ?

Il se mit à rire.

— Ce serait cool.

Cool, peut-être, mais ça ne me dérangeait pas de laisser les loups-garous et les vampires à Hollywood. Je voulais bien croire à la magie, aux fantômes, et aux voyages astraux, mais se transformer en animal ou boire du sang repoussait les limites du crédible.

Une dizaine de questions me brûlaient les lèvres. Où se trouvait leur père ? Et les gens pour qui il travaillait ? Pourquoi les avait-il abandonnés ? Et la mère de Simon ? Mais Simon avait dit qu’on parlerait de tout ça plus tard. Réclamer leur histoire personnelle tout de suite aurait été de l’indiscrétion.

— Alors on est trois ? Rassemblés au même endroit ? Ça doit vouloir dire quelque chose.

— Derek pense que c’est parce que certains pouvoirs surnaturels, comme le tien ou le sien, ne peuvent pas s’expliquer, et donc les humains les rangent avec les maladies mentales. Il se peut que certains enfants dans les foyers soient surnaturels. Mais la plupart ne le sont pas. Il faut que tu en parles avec lui. Il explique mieux les choses que moi.

— OK, on revient à mon cas, alors. Qu’est-ce qu’ils me veulent, ces fantômes ?

Il haussa les épaules.

— De l’aide, j’imagine.

— Pour quoi faire ? Et pourquoi moi ?

— Parce que tu peux les entendre, répondit Derek qui entrait en se séchant les cheveux. Ça ne sert pas à grand-chose de parler à quelqu’un qui ne t’entend pas.

— Ben ça, évidemment.

— Je n’osais pas le dire.

Je lui jetai un regard noir, mais il me tournait le dos et pliait soigneusement sa serviette qu’il disposa ensuite sur sa chaise de bureau.

Il reprit :

— Tu crois qu’il y a combien de nécromanciens qui se baladent dans la nature ?

— Comment je le saurais ?

— À ton avis, si la réponse était « plein », tu ne crois pas que tu en aurais entendu parler ?

— Calme-toi, murmura Simon.

— Il y en a quelques centaines dans tout le pays, m’annonça Derek en passant un peigne dans ses cheveux. Tu as déjà rencontré un albinos ?

— Non.

— Du point de vue statistique, tu as trois fois plus de chances de croiser un albinos qu’un nécromancien. Alors imagine que tu es un fantôme. Si tu tombes sur un nécro, c’est comme de voir passer un avion quand tu es échoué sur une île déserte. Est-ce que tu vas essayer d’attirer son attention ? Évidemment. Quant à ce qu’ils veulent… (Il fit pivoter la chaise et s’assit à cheval dessus.) Qui sait ? Si tu étais un fantôme et que tu croisais le seul être vivant qui pouvait t’entendre, je suis sûr que tu aurais quelque chose à lui demander. Pour savoir ce qu’ils veulent, il va falloir que tu leur demandes.

— Plus facile à dire qu’à faire, marmonnai-je.

Je leur parlai alors du fantôme au sous-sol.

— Il peut encore y avoir quelque chose là-dessous. Quelque chose que tu n’aurais pas trouvé. Quelque chose d’important pour lui. (Il se gratta distraitement la joue, tressaillit, et retira sa main.) Peut-être un papier ou un objet qu’il voudrait que tu donnes à sa famille.

— Ou des preuves de son meurtre, ajouta Simon. Ou un trésor enterré.

Derek le dévisagea d’un drôle de regard, puis secoua la tête.

— On passe… C’est probablement un truc idiot, comme une lettre qu’il aurait oublié de donner à sa femme. Insignifiant.

Je ne trouvais pas cela idiot. Ni insignifiant. Plutôt romantique, en fait. Le fantôme errant des années avant de pouvoir transmettre cette lettre jamais remise à son épouse, à présent une vieille femme dans une maison de retraite… Pas mon genre de film, mais je n’aurais pas qualifié ça d’idiot.

— Quoi qu’il en soit, observai-je, il y a un problème, parce que tant que je suis sous traitement, je ne peux pas établir de contact pour poser des questions.

Derek essuya une goutte de sang sur sa joue, à l’endroit où il s’était gratté un bouton. Il fronça les sourcils avec mécontentement et laissa son humeur passer dans sa voix quand il me lança :

— Alors il faut que tu cesses de prendre tes médicaments.

— Avec plaisir. Si je pouvais. Mais après ce qui s’est passé la nuit dernière, ils me font faire des analyses d’urine, maintenant.

— Pff. C’est dur, soupira Simon. (Il resta silencieux un instant, puis claqua des doigts.) Hé, j’ai une idée géniale. C’est un peu dégueu, mais si tu prenais tes pilules et que tu les écrasais pour les mélanger à ton, heu tu vois, ton urine ? (Derek le regarda fixement.) Quoi ?

— Tu as eu la moyenne en chimie l’an dernier, toi ?

Simon lui fit un bras d’honneur.

— OK, monsieur le génie, c’est quoi ton idée ?

— Je vais réfléchir. On devrait lui faire arrêter ce traitement. Je me fous un peu de ce que veut ce fantôme, mais il pourrait être utile. Tant qu’on a un sujet bien disposé, Chloé devrait en profiter pour apprendre. Ce n’est pas comme si elle allait bientôt partir d’ici… À moins qu’on l’envoie ailleurs.

Simon le regarda de travers.

— C’est pas drôle, Derek.

Derek passa les doigts dans ses cheveux mouillés.

— Je n’essaie pas d’être drôle. Voir les fantômes n’est pas facile à cacher. Ce n’est pas comme de jeter des sorts. J’ai surpris un bout de conversation entre Davidoff et Gill ce matin, un peu après… (Derek jeta un coup d’œil dans ma direction.) Je marchais et j’ai entendu…

— Elle sait pour ton ouïe, c’est bon. (Derek jeta un regard mauvais à son frère, qui se contenta de hausser les épaules et de dire :) Elle a compris. Elle n’est pas stupide. Enfin, tu as entendu…

Simon se tut et leva la tête.

— Il y a quelqu’un qui arrive.

Mme Talbot nous appela depuis l’escalier :

— Les garçons ? Chloé ? C’est l’heure de l’en-cas. Descendez.

Simon répondit que nous arrivions.

— Une seconde, insistai-je. Tu as surpris une conversation entre les médecins. De quoi parlaient-ils ?

— De toi. Ils se demandaient si Lyle House est l’endroit qui te convient.

L'Invocation
titlepage.xhtml
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Amstrong,Kelley-[Pouvoirs Obscurs-1]L'Invocation(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html